L’un des reproches les plus récurrents fait au monde politique est la méfiance qu’il suscite. Depuis toujours, les politiques nous mentent, on en est conscient. Maintenant, si on avait la possibilité de vérifier en temps réel les propositions et exagérations de nos candidats, de comparer leurs promesses et leurs réformes celà deviendrait plus compliquer de prendre le peuple pour des cons. Ca tombe bien, en 2012, on peut le faire… et ça ne prend que 2 minutes.
Les rois de l’intox.
Lancé en 2008, Désintox, dans un premier temps rubrique du journal Libération aujourd’hui devenu blog, en est le précurseur en France. Il avait débuté grâce à une déformation professionnelle dont nos politiques ont le secret. Lors d’une interview sur France Inter en Septembre 2008, Laurent Wauquiez est interrogé sur la crise naissante et si oui, ou non, le gouvernement l’avait vu venir. Bien sûr, selon l’intéressé: « Si jamais vous reprenez une discussion qu’on avait eue à votre micro il y a trois mois, on en avait parlé. J’étais assez lucide sur le fait que même si on avait des chiffres du chômage qui étaient relativement bons, la tendance nécessairement allait se retourner avec notamment la situation internationale dans laquelle on est en train d’entrer.» Notre super-journaliste revient alors sur l’interview et évidemment, aucune trace de ladite lucidité. « Ce jour là, avec cette « autocitation fictive », Wauquiez nous a fourni une illustration que le mensonge en politique pouvait prendre des formes originales. » explique le blog aujourd’hui. Il fournira également un mobile et déclenchera à son insu le point de départ français d’un outil qui pourrait éclaircir le jeu volontairement brouillé des politiques: le fact-checking.
En 2012, les politiques mentent toujours, mais le principe de vérification s’est développé. De nouveaux outils ont fait leur apparition sur le net et tout le monde peut y participer, comme si dénoncer un mensonge politique devenait un acte citoyen.
Dans la même veine que Désintox, est apparu récemment le Véritomètre, cauchemard en devenir des politiques. Créatif, précis et impartial, il passe a la loupe les discours des politiques et les notes jours après jours. Inspiré du site américain PoliticFact le Véritomètre recoupe les chiffres plus ou moins hasardeux lancés par les candidats avec ceux disponibles sur la toile et donne une note de crédibilité à chaque interview.
Véritomètre du 28 Février 2012
En plus du travail journalistique, le Véritomètre se démarque par sa simplicité d’utilisation et une interface ludique qui lui permet de vérifier mais surtout de comparer en temps réel les candidats à la présidentielle.
De son côté, Le Monde a lancé en parallèle Les Décodeurs et donne la définition exacte de cette nouvelle manière de voir la politique en se définissant comme un blog de fact-checking participatif. En 2012 on ne regarde pas seulement la politique. On y prend part.
Live-checking
Cette nouvelle dimension de la politique citoyenne se développe également (voire surtout) au travers des réseaux sociaux. Le live-tweet devient ainsi une manière de relayer l’information tout en devenant acteur du débat. Lors de la candidature de Nicolas Sarkozy sur le plateau de TF1, Twitter s’enflamme et les internautes comme l’opposition se fait critique, au point que #SarkoCaSuffit deviendra Trending Topic en France.
#SarkoCaSuffit Trending Topic
Mais Twitter, ce ne sont pas seulement des gamins qui s’acharnent sur une personnalité. Lors de l’émission « La Politique c’est Net » de Public Sénat, leurs décodeurs de l’info expliquent que le live-tweet; en plus d’un élément devenu indispensable à leur quotidien de commentateur politique; leur donnait une opportunité de vérification, comme un nouveau devoir de journaliste.
La Politique c’est Net: « Twitter et la Télévision » http://www.publicsenat.fr/vod/la-politique-c-est-net/twitter-et-la-television/70081
Encore à ses débuts, le live-checking pourrait servir à terme à vérifier l’information en direct. Lors d’une interview télévisée, au sein d’un meeting, il deviendrait alors facile d’interpeller et contredire un candidat, relancer et enrichir un débat. Vu sous cet angle, le mensonge politique deviendrait limité et chacun pourrait y participer. De l’autre côté de l’Atlantique, PoliticFact propose une autre dimension à la vérification. Ainsi, son Obameter vérifie les promesses tenues ou non, compromises ou en voie de publication du président américain. Le petit Nicolas est un grand chanceux.
Alors, le fact-checking, la mort des grandes promesses et des petits mensonges?